Je suis couché. Il est minuit passé de quelques minutes. C’est l’heure. Le sommeil m’attrape en un temps record. Malheureusement, ça ne dure pas plus de deux heures. Relou. J’ai envie d’aller aux toilettes… (note à moi-même ne plus boire d’eau au moins une heure (plus ?) avant d’aller dormir.) Mon affaire faite, mon cerveau se focalise sur une autre envie qu’il veut soulager. Le canapé m’appelle, mes mains s’activent. Je n’ai pas résisté. Je prends un briquet, dans l’obscurité je ne sais pas si c’est le bleu ou le rouge. J’allume la pénombre et mon joint avec.
Ce réveil pipi se transforme en pause fumette d’une heure (prévisions à l’heure actuelle, nous informerons notre aimable clientèle de tout changement.) Titus monte sur le canapé et se colle à moi. Session papouilles, 10 minutes d’arrêt. Je crois que c’est une de nos gares préférée. Il étend ses pattes avant dans le vide, en essayant d’attraper, par intermittence de pattes, l’air empli de la fumé de mon joint. Il ronronne. Il colle son dos à ma cuisse et relève la tête en arrière au rythme du passage de ma main. Le signal de départ du train vient d’être donné. Par Titus, il a mordu ma main. Ok, prochaine destination.
Je fume. Le regard vide dans la fumée ou les yeux fermés. Je consomme et la feuille se consume. Le prochain arrêt en gare de la défonce ne tarde pas à arriver. Cette fois, l’arrêt est cours. Les paysages flous laissent place à la clarté des idées créatives. J’ai faim, mais j’ai surtout envie d’écrire.
Il est 2h25, j’ouvre mon carnet, j’allume une bougie Orange & Grapefruit ENERGY. Oui j’écris à la main, à la lueur d’une bougie. J’aime bien. Je suis en 1592 si j’ai envie, je vous emmerde. J’ai toujours été un romantique. Titus miaule sur le rebord de la fenêtre, je finis ma phrase, je pose mon stylo et je rallume mon joint à la bougie.
3h00, nous informons notre aimable clientèle que le train est retardé. (Le conducteur a roulé un deuxième joint.) Titus est descendu de la fenêtre pour s’installer, lui et son regard jugeant, sur le tapis à ma gauche. Tel mon petit ange sur l’épaule. Avec un regard diabolique cependant.
J’ai soif. Je bois dans ma gourde/flasque de 25cl. Quand on a vraiment soif, c’est pas suffisant. C’est une gourde pour la course, mais je l’utilise comme un biberon d’eau toute la journée. Je me résigne à remplir mon biberon. Contrairement à un bébé, je n’ai pas de parents sous la main pour le faire.
3h10, j’ai déjà envie de rouler un troisième joint. Je n’arrive pas à arrêter d’écrire, ça surpasse la faim. Et je me persuade que le THV est le carburant de ce train de nuit. Alors je roule. Toujours à la lueur de la bougie. Ca sera le dernier jusqu’à l’arrêt final (pas ma mort, mon lit). Le conducteur de la journée ne nous a pas fourni assez de tabac pour le quart de cette nuit. De toute façon 3 en deux heures, c’est très bien déjà.
Titus a disparu dans un de ses spots qui ne sont pas visibles depuis le canapé. J’ai faim. 3 ingrédients sont nécessaires pour faire avancer ce train. De l’eau, de la nourriture et du cannabis de synthèse. Le deuxième est, cette nuit, pains aux céréales, beurre gratté, confiture de fraise allégée. La faim étanchée le train ne s’arrêtera plus jusqu’à destination.
Le regard dans le vide, je tire sur le joint, je ne veux pas mettre le train plus en retard qu’il ne l’est déjà. Ca ne jouerait pas en faveur de la réputation de la ponctualité des trains. Le joint est bientôt fini, les paysages redeviennent troubles, la créativité va a nouveau laisser place au sommeil.
3h45, dernier arrêt, tout le monde descend. La tête qui tourne, j’éteins la bougie, je ferme mon carnet. Je me lève et je vais me coucher en titubant. Le conducteur et le contrôleur Titus, espérons que vous avez passé un excellent voyage. Aucune demande de remboursement pour retard ne sera acceptée. Nous vous souhaitons une agréable nuit et espérons vous revoir bientôt sur nos lignes.